La question qui vient ensuite est pourquoi avoir voulu faire ce métier ? Très bonne question que l’on me pose souvent. En fait c’est assez simple comme histoire. Après mon bac, je suis entré en faculté de médecine. Pas vraiment par vocation mais plutôt par pragmatisme. J’ai vite été surpris par la difficulté des études. Je me suis rapidement rendu compte que je voulais exercer dans la santé mais pas en tant que médecin. Etudes trop longues et trop complexes. Je ne voulais pas avoir 30 ans et être toujours étudiant. J’exagère un peu, mais pas tellement… J’étais plus attiré par le métier d’infirmier. Un métier plus au contact des patients et avec une dimension technique qui me séduisait. Mais j’étais déjà engagé en médecine donc j’ai décidé d’aller jusqu’au bout. A cette époque, en 1ère année de médecine (PCEM1) on avait la possibilité en fonction de nos notes, d’intégrer en plus de la faculté de médecine, la faculté d’odontologie, l’école de kiné et celle de sage-femme pour la 1ère fois. A cette période, j’étais plutôt attiré par le métier de chirurgien dentiste. En parlant de titre, celui-là il claque ! J’avouais aussi être intéressé par le métier de sage-femme. Après les résultats de mes examens, j’ai eu la possibilité d’entrer en école de sage-femme. Ce n’était pas vraiment mon 1er choix mais j’y suis entré avec enthousiasme et également un peu de naïveté. C’est depuis cette époque que l’on a vue beaucoup plus de garçons en école de sage-femme. Des gars comme moi qui n’avaient pas forcement pensé à faire ce métier mais qui ont décidé de tenter l’aventure. Les hommes ont été autorisés à faire ces études à partir 1982. Année de ma naissance. Un signe ? Peut-être. Grâce au recrutement en école de sage-femme par la PCEM1, il y a environ entre 10 à 15% de garçons par promotion. Avant cela, il faut bien avouer que les garçons étaient très rares. Je me rappellerai toujours l’accueil du seul étudiant sage-femme lors de notre 1er jour à l’école de Marseille. Quand il a vu arriver 4 mecs il avait l’air très heureux et… soulagé car il était plutôt isolé jusqu’à présent. Il faut dire que lorsque je me suis retrouvé debout sur une table à devoir me présenter devant une centaine d’étudiantes sage-femme, qui me demandaient combien je pesais à la naissance, j’ai failli m’évanouir ! L’école de sage-femme dure 4 ans avec un cycle de 3 semaines de stage pour une semaine de cours. Donc des études très tournées vers le pratique. Laissez-moi vous dire que j’ai vite effectué mon 1er accouchement. Le métier de sage-femme est, avec les médecins et les dentistes, une des trois professions médicales avec des responsabilités et une autonomie professionnelle accrues, ainsi qu’un pouvoir de prescription étendu. Lorsque que j’ai appris la nouvelle à mes parents, ils ont été eux aussi très enthousiastes. Ils ont toujours fait preuve d’une grande tolérance. Ma mère y a vu un tour du destin. Ca lui a fait penser à sa grossesse lorsqu’elle m’attendait. Car il faut bien dire que quand on parle de sage-femme à une maman et je parle pour toutes les mamans, elles ne peuvent s’empêcher de penser à leur accouchement. Ca aussi je m’y suis habitué ! En l’occurrence le pronostic de la grossesse de ma mère était très réservé. Elle avait un placenta prævia. C’est à dire un placenta recouvrant le col. Le placenta est un ensemble de villosité et de vaisseaux sanguins permettant les échanges de nutriments et d’oxygène entre le fœtus et la mère. Il est normalement inséré dans le fond de l’utérus. Avec ce type de placenta la moindre contraction peut provoquer des saignements. Ma mère avait rapidement eu des saignements. Elle a été hospitalisée plus de 6 mois pendant sa grossesse, complètement alitée, pour éviter les saignements et retarder le plus possible l’échéance de la grossesse. Pendant 6 mois les sage-femmes ont eu le temps de bien s’occuper de moi. Peut-être un peu trop ? Maintenant c’est mon tour ! Vers le 8ème mois ma mère a eu une violente hémorragie. Elle a eu une césarienne en urgence et j’ai du, à cause d’une naissance difficile, être transféré rapidement en néonatalogie dans un autre hôpital. Mon père a du choisir un prénom à la hâte. Ils devaient m’appeler Aurélie. Vraisemblablement il y avait une erreur sur le sexe. Il a décidé de m’appeler Fabien en mémoire de sa femme (fabienne) car il pensait qu’elle allait mourir. Emouvant, non ? Tout ça pour dire qu’on reproche souvent aux arrivés de médecine de na pas avoir eu de vocation de sage-femme. C’est mon cas, mais je me sens épanoui dans ce métier et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a un joli coup du destin derrière tout ça.
J’en profite pour passer un bonjour à tout mes collègues sages-femmes : Max, David, Gilles, Medhi, Paul, les tahitiens et tous les autres que j’ai rencontré ou pas